L'air déborde de mots
L'air déborde de mots
Des mots étonnants et beaux, qui flottent
sans qu’on les aperçoive ni les entende,
avant d’être effacés par le temps.
L’air déborde de mots
qui nous relient à l’éternité,
ils portent les histoires et les rêves
offerts par les générations invisibles.
Debra Calling Thunder
Perspectives sur la peinture
Paysage contemplé
tant de fois regardé.
Il me semble traverser le temps,
ce longtemps devient aussi le mien,
à la fois familier et étrangement nouveau.
Je pense à tous les regards qui s’y sont posés
le plus ancien pourrait avoir plus de 500 années.
Combien de regards vers, de voyage pour ?
Paysage éternel à en être usé de passants,
aveuglés de clichés qui l’emportent par petit bout.
D’un autre espace-temps, il rayonne doucement immuablement.
Qu’il soit en Majesté ou pas,
le paysage invite à sa contemplation, il est vagabond, psychique,
reflet d’un climat pensé, porteur de symboles ou de secrets.
Regarder, prendre le temps d’une écoute silencieuse,
d’un indicible en dialogue, de mes yeux pour s’y ouvrir,
du visible à l’invisible, ou de l’invisible au visible.
La beauté parfois détourne le regard, la peinture s’offre. La peinture est une affaire où l’intime transparait,
la peinture n’est pas une affaire légère.
Et une immense gratitude m’envahit.
Le génie, somme du travail acharné d'un don destiné,
s’offre là, et ouvre la voie de ma contemplation.
Ses représentations pensées apprivoisent mes perceptions sensorielles, humblement comme magistralement, là, où je trouve ma foi en l’intelligence humaine.
Quand je vivais à Florence, j’avais 15 ans. Selon le temps, la ville pouvait me sembler très sombre, mélancolique, et d’autres fois, lumineuse, pétillante et d’une grande beauté. À l’égal de l’âme de l’artiste, qui met de lui tout en jeux.
J’y ai vu Masaccio se diriger vers la chapelle Brancacci, Pontormo secrètement dans l’église Santa Felicita, l’ombre furtive de Fra Angelico monter les marches du convent San Marco, Botticelli regarder ses peintures bruler, place de la Seigneurie. Puis tant d’autres connus et inconnus de nous, et peut importe au fond.
De montagnes et de ciels en perspectives du « paysage avec St Jérôme » de l’étonnant, déjà existentialiste, Joachim Patinier, à « la femme au caban jaune »,
je chemine entre ombre et lumière sur le sentier solitaire de la peinture.
« Sur la peinture » Agnès de la Roncière 2024